A partir de la décision prise par le Président de la République de fermeture des établissements scolaires français, nos tutelles ont été un temps muettes sur le plan des demandes et enquêtes, sans doute satisfaites qu’elles étaient de voir les EPLE et leurs équipes de direction mettre en place avec une grande réactivité et une efficacité très majoritairement saluée le processus général de continuité pédagogique.
Dans un second temps, nous avons vu apparaître des requêtes dont le caractère nécessaire et/ou utile semblait approprié dans un contexte exceptionnel par sa nouveauté et ses caractéristiques. Ces sollicitations étaient cohérentes avec un besoin évident de nos autorités de voir remonter certaines informations propres à leur permettre de bien mesurer l’état de la situation dans les établissements.
Mais ce temps du raisonnable et de la rupture avec certaines mauvaises habitudes semble aujourd’hui derrière nous. Et l’on voit ainsi foisonner à nouveau demandes, injonctions, enquêtes et autres consignes dont nombreuses semblent hors-sol, déconnectées voire incohérentes pour ne pas dire irréalistes, tant elles ne tiennent aucun compte des conditions de travail qui sont actuellement les nôtres, de la réduction a minima de nos équipes ni bien entendu de nos priorités du moment.
Ainsi une région, après avoir décidé unilatéralement du retour à domicile de l’ensemble de ses agents dès le lundi 16 mars à 14h00, laissant ainsi les lycées complètement démunis aux plans entretien, technique et sécurité, demande maintenant aux personnels de direction de participer à des cellules de soutien psychologique à ces personnels agents confinés voire, de les encourager à rejoindre la réserve sanitaire !
La DGESCO de son côté, nous adresse elle, une enquête à remplir la veille pour le lendemain afin de recueillir des données sur l’équipement informatique des familles, sur leurs possibilités de connexion, voire sur le niveau de leur abonnement Internet, imaginant sans doute que nous allons nous transformer illico en agents de renseignements de Big Brother !
Enfin, une académie, en vacances cette semaine, demande à ses personnels de direction de lui indiquer les dispositions qu’ils entendent prendre sur le plan administratif comme pédagogique pour la semaine prochaine soit la deuxième semaine des vacances de printemps pour eux ! L’invention sans doute d’une notion nouvelle de continuité sans limite de l’action des EPLE.
Dans une autre, le 1er avril un cinglant rappel aux distraits qui n’avaient pas transmis pour le 30 mars l’enquête annuelle concernant les personnels logés : « Cette période de confinement ne facilite pas la tâche mais ne doit pas empêcher le travail de se faire » !
Il est nécessaire de revenir à un peu de bon sens et de raison et d’épargner ainsi les personnels de direction qui, avec des équipes parfois réduites à eux seuls et des moyens des plus mesurés, assurent au mieux un lien de qualité avec les équipes, les élèves et leurs familles et l’administration.
D’autant que le télétravail est rendu souvent difficile voire parfois impossible pour leurs collaborateurs en raison des sécurités archaïques des applications numériques administratives qui nécessiteraient dans le meilleur des cas que les agents soient munis de clés OTP qui ne leur ont jamais été attribuées !
Et, s’agissant des opérations nécessaires au paiement indispensable des bourses pour les familles mais aussi des fournisseurs, dans une période où il convient de ne pas altérer leurs trésoreries, celles-ci sont gérées depuis l’application GFC… qui ne peut en aucun cas être utilisée sur d’autres ordinateurs que ceux installés dans les services de gestion des collèges et lycées !
Le SNPDEN demande donc que l’on se consacre à l’essentiel dans ces conditions très compliquées. Il donne pour consignes à ses adhérents de prioriser les demandes en fonction de leurs possibilités d’action et de privilégier en réponse le signalement des éléments à caractère urgent ou vital dont ils auraient connaissance à des données non essentielles en ces temps de crise.
Il constate également que le choix d’une communication d’abord orientée grand public met les personnels de direction régulièrement en difficulté, obligés d’attendre de recevoir par les canaux habituels des informations précises sur des mesures arrêtées et ce après leur diffusion préalable très générale dans les médias : cette option reste pour le SNPDEN contestable car il considère que l’encadrement devrait être prioritaire en matière de communication d’informations utiles pour la bonne gouvernance du service public d’éducation.
Le Secrétaire général, Philippe VINCENT