[En direct] Conseil Supérieur de l’Éducation : la parole aux administratifs et à l’intendance
Au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE), nos collègues d’Administration & Intendance (A&I UNSA) ont pris la parole pour évoquer la situation que beaucoup d’entre nous constatons pour nos personnels administratifs. Au menu, le traitement des bourses nationales.
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les représentants de l’Administration,
Mesdames et messieurs les membres du CSE,
1) Un décret paru le 4 avril 2024 instaure l’étude automatique des bourses nationales d’étude dès l’inscription de l’élève dans un établissement scolaire du 2nd degré. Cette réforme devait simplifier les démarches pour les familles et faciliter l’étude des dossiers par les personnels administratifs en EPLE et dans les services académiques.
A&I UNSA a alerté dès l’annonce de cette réforme : une application qui « parlerait » directement aux services des impôts ? Quand on connaît les difficultés techniques rencontrées par Op@le, AplyPro ou RenoiRH, il était évident pour A&I UNSA que cette « simplification » engendrerait de nouvelles difficultés pour les personnels administratifs en EPLE et dans les services académiques.
Annoncée comme une simplification, cette énième réforme alourdit le travail des personnels administratifs et crispe les relations avec les familles. Mal préparée, cette réforme a complètement raté son objectif.
Nous avons appris depuis longtemps à faire avec les éléments de langage du Ministère : nos applications fonctionnent parfaitement, mais les administratifs qui les utilisent ne sont pas capables de les faire fonctionner. Il suffit pourtant de lire le manuel. Rien de compliqué. Travailler pour la machine à former et constater au quotidien l’indigence de nos formations nous désespère.
Ce qui est nouveau avec cette campagne de bourses, c’est le constat que les usagers sont tout aussi peu capables que les administratifs. Ils n’ont rien compris, ils ont en majorité été incapables d’utiliser nos applications. Pourtant il leur suffisait eux aussi de lire le manuel.
Le résultat est désastreux. Des milliers de familles ont coché la case « je consens à l’étude automatique du droit à bourses » sans qu’il ne se passe rien. Si je prends l’exemple de mon seul établissement, je reçois le mercredi 16/10 à 11h23, alors que la campagne se termine le lendemain, un mail qui m’indique que le Ministère signale que certaines familles ont coché la bonne case, mais qu’il y a eu un problème d’import de leur consentement qui ne figure pas dans la base élève. On me prie de bien vouloir reprendre les situations une par une dans ma base élève pour le lendemain. Ils sont 251 ! Il faut contacter les familles une par une pour obtenir les renseignements qu’ils avaient saisis, mais qui ont disparu. Nous nous y mettons
tous, y compris ceux qui se sont portés immédiatement volontaires pour revenir un jour de repos. Nous avons pu contacter 63 familles et compléter leur demande. Un miracle. Dommage pour les 188 autres familles…Elles ont perdu leur tour !
La quantité de travail des administratifs liée à cette campagne est sans précédent !
C’est le chaos.
2) Les services déconcentrés sont totalement submergés par la quantité surréaliste de documents complémentaires à obtenir des familles, par la quantité surréaliste des dossiers à compléter. Pour tous ces personnels, attachés à leur mission et au service qu’ils rendent aux usagers, tout cela n’a plus aucun sens. Dans les établissements, la grogne des familles est sans précédents. Où en est ma demande ? Pourquoi me demande-t-on toujours plus de documents ? Est-ce que je vais percevoir ma bourse bientôt ? Eh bien, difficile à dire !
A&I Unsa a interpellé la DAF le 16/10 pour l’alerter sur les dysfonctionnements constatés. La DAF a transmis à la DGSCO et à la DNE. Nous n’avons obtenu aucune réponse.
La réponse du Ministère, c’est sûrement la fausse bonne idée de prolonger la campagne d’un mois. C’est une excellente nouvelle pour tous les administratifs qui poursuivent leur quête des pièces nécessaires à l’examen des dossiers. Mais les familles ont-elles bien compris que les dossiers qui n’ont pas pu être traités avant le 31/10, parce que la procédure n’était pas compréhensible, parce que la dématérialisation a capoté, ou parce qu’un énième document supplémentaire était attendu, ne toucheront pas le montant de leur bourse au premier trimestre. Ces familles feront peut-être l’objet d’une régularisation en fin de second trimestre. Six mois à attendre son dû, lorsqu’on est en grande difficulté financière, c’est très long.
Qui va porter le chapeau ? Le responsable tout désigné, c’est l’administratif, en service déconcentré ou en établissement, qui a essayé de faire au mieux, mais qui n’a pas pu.
Nous allons, une fois de plus, être en difficulté face à des familles qui n’ont pas tort d’être exaspérées.
Si j’osais plaisanter, nous vous proposerions volontiers la création d’un numéro vert pour entendre les difficultés des familles ou des administratifs sur l’échec de cette campagne. Mais le ton n’est pas à la plaisanterie !
Une fois de plus, nous dénonçons l’attitude peu responsable de notre employeur. Après op@le, Aplypro, RenoirRH, c’est au tour de Di@man. Que la fête continue ! Oui, tout cela n’a plus aucun sens, ni pour les usagers, ni pour ceux qui se battent au quotidien pour administrer un système qui les ignore.
Il est peut-être temps de changer de méthode, et d’avoir l’humilité de reconnaître l’échec.
Je vous remercie de votre attention.