Enseignements de spécialité et options au lycée : des choix marqués socialement et genrés ?
La première cohorte de lycéens issue du grand chantier de la réforme du bac a eu à sélectionner, pour la première fois à la rentrée 2020, 2 spécialités en terminale, parmi les 3 suivies en première, voire à conserver éventuellement 1 enseignement optionnel. Afin de faire le point sur les choix effectués par ces lycéens, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du MEN a publié courant mai deux notes d’information. Confirmant l’existence d’une grande variété de parcours, les données publiées par la DEPP mettent en lumière des choix dépendant pour beaucoup du milieu social des élèves ou de leur genre et soulignant des inégalités persistantes.
1/ Note d’information n° 21.22 relative au choix des enseignements de spécialité par les élèves
Principaux enseignements
- La DEPP constate des “choix de spécialités plus classiques en première comme en terminale pour les élèves d’origine sociale favorisée”.
- La doublette la plus fréquente en terminale est la très classique mathématiques, physique-chimie, issue pour moitié de la triplette mathématiques, physique-chimie, SVT. Il s’agit de la doublette avec la plus importante surreprésentation d’élèves d’origine sociale très favorisée. Ainsi, 68 % d’entre eux font des mathématiques en terminale (soit en enseignement de spécialité́, soit en enseignement optionnel) contre 50 % des élèves d’origine sociale défavorisée. Une discrimination qui semble également très genrée puisque “50 % des filles choisissent d’arrêter les mathématiques en enseignement de spécialité́ entre la 1ère et la terminale, contre 30 % des garçons”.
- La 2ème doublette la plus fréquente est “histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP), SES” où 4 élèves sur 10 choisissaient les mathématiques en troisième enseignement de spécialité en première.
- Globalement une grande variété de triplettes conduit à une même doublette, et inversement, les élèves d’une même triplette se dirigent vers l’ensemble des doublettes possibles.
- Les enseignements de spécialité artistiques sont les moins fréquemment abandonnés entre la première et la terminale (conservés par plus de 80 % des élèves), tout comme les SES.
- Les mathématiques sont conservées en enseignement de spécialité par 60 % des élèves, principalement par les garçons et les élèves d’origine sociale très favorisée.
2/ Note d’information n° 21.23 relative aux enseignements optionnels
Outre les enseignements de spécialités, cette autre note de la DEPP détaille les choix opérés dans les enseignements optionnels, proposés aux terminales en plus de leurs enseignements de spécialité.
- Il s’avère ainsi que 61 % des élèves de terminale générale ont fait le choix de ne suivre aucun enseignement optionnel, avec un écart entre les élèves d’origine sociale défavorisée qui sont 69 % à faire ce choix, contre 54 % des élèves d’origine sociale très favorisée.
- Les élèves d’origine sociale très favorisée sont surreprésentés (42 %) parmi les élèves qui suivent un enseignement optionnel, en particulier mathématiques expertes (contre 24 % des élèves d’origine sociale défavorisée).
- Cette option “mathématiques expertes” est choisie par 34 % des élèves qui font des mathématiques en enseignement de spécialité. Elle est aussi plus fréquemment choisie par les garçons.
- L’option “mathématiques complémentaires » est suivie elle par 61 % des élèves qui ont arrêté les mathématiques en enseignement de spécialité.
- L’option “droit et grands enjeux du monde contemporain” est choisie par 7 % des élèves et par 14 % des élèves ne faisant pas de mathématiques en enseignement de spécialité en première et en terminale.
- Au total, 59 % des élèves de terminale font des mathématiques, soit en enseignement de spécialité, soit en enseignement optionnel, et 84 % des élèves qui faisaient des mathématiques en première en font encore en terminale.
- La DEPP souligne par ailleurs que “quelle que soit l’option, les élèves d’origine sociale défavorisée sont sous-représentés”.
Ressources complémentaires sur le même sujet
- Article du Centre Henri Aigueperse, Mai 2021 : Le lycée toujours inégalitaire ?
- Article de l’IH2EF : Choix des enseignements de spécialité et options par les lycéens à la rentrée 2020
