« Faire corps », en tant que personnel de direction, revêt un sens encore plus fort que pour d’autres fonctions au sein de la Fonction Publique et au sein, plus précisément, de l’Éducation nationale. Il est en effet très facile de se retrouver isolé dans cette profession, physiquement et symboliquement et, parfois même, psychologiquement.
Vous proposer une vision de notre « corps » est aussi l’occasion de fabriquer un sens du « collectif » auquel nous sommes particulièrement attachés et attentifs dans notre pratique syndicale.
Des effectifs stables
Nous vous invitons à consulter les archives de cet hors-série L’Essentiel car, chaque année, nous avons tenté de mettre l’accent sur certains aspects de notre profession.
Avec environ 14550 personnels de direction recensés pour l’année 2023-2024, le corps se maintient dans les effectifs constatés chaque année. Près de 13900 collègues sont en postes dans des établissements, quel que soit le type. Les autres perdirs peuvent être sur des missions locales en DSDEN ou dans les Rectorats, certains sont en détachement, d’autres travaillent au Ministère dans les services, on en retrouve sur des emplois fonctionnels, etc.
C’est aussi le constat d’une certaine diversité d’emplois possibles avec le statut de personnel de direction. Des collègues font ainsi des incursions dans d’autres fonctions avant de revenir en EPLE, d’autres entament une 3ème carrière avec de nouvelles responsabilités.
Nous vous recommandons, à ce propos, de prendre contact avec nos collègues élus du Groupe d’Accompagnement à la Carrière (GRAC) puisqu’ils peuvent aussi vous faire découvrir certaines fonctions que l’on n’appréhende qu’à l’occasion des opérations de mobilités (citons le cas des collègues en charge de la pédagogie sur les établissements pénitentiaires, ceux qui se tournent vers l’enseignement agricole, sur des établissements médicaux…)
Femmes et hommes : une caricature !
Chaque année, la professions accroît sa féminisation. Elle est de 54 % à l’heure actuelle (53 % l’an passé) et cette tendance continue de s’opérer fortement avec une réussite au concours interne pour 68 % de femmes (et même 76 % sur la liste complémentaire qui, comme toutes les dernières années, sera très certainement épuisée intégralement).
C’est la même proportion que l’on retrouve dans les établissements dans lesquels il n’y a qu’en seul personnel de direction. Ce sont ainsi 1412 femmes pour 1215 hommes qui travaillent seuls dans leur EPLE.
Toutefois, c’est bel et bien lorsque l’on change de focale et que l’on observe ce qu’il en est des répartitions genrées suivants les catégories d’établissement que le problème se pose. Nous vous renvoyons à l’analyse de l’Essentiel 2023 pour une approche fine des informations.
Le concours perdir et les « territoires »
Le concours des personnels de direction a permis, pour la rentrée 2024, à 640 lauréats sur liste principale et 46 sur liste complémentaire, d’accéder à la position de détachement dans le corps. La répartition des lauréats suivants les académies et leur représentation par rapport au nombre total de perdirs de chacune d’elles peut être tout à la fois un indice des représentations académiques que les collègues ont de leur métier précédent, des perspectives de mobilité qu’ils y associent ou encore de la qualité de la préparation locale des collègues au concours. Nous pouvons ainsi interroger, à titre de curiosité, le fait que la moitié des 10 académies qui obtiennent le meilleur ratio lauréats/nombre de perdirs en poste soient des académies non métropolitaines.
Une question fréquente, en lien avec les différences académiques, est celle des académies « déficitaires » lorsqu’il s’agit, pour les lauréats du concours, de réaliser des vœux de première affectation. Il est important de ne pas rester trop fidèle aux représentations que l’on pouvait avoir en début de carrière d’enseignant, par exemple.
En effet, il faut se rappeler que les collègues qui souhaitent entrer dans la carrière sont sur une 2ème carrière et que leur âge moyen est au-delà des 40 ans. Cela signifie notamment que leur vie personnelle et leur vie professionnelle sont souvent bien installées et que la mobilité nationale ne s’effectuera pas avec la même souplesse que lorsqu’ils venaient d’obtenir une affectation au titre de leur « première » carrière. Il faut donc bien souvent regarder le nombre de lauréats par académie et le nombre de berceaux stagiaires dans la même académie, permettant de disposer d’un « taux de pression » académique, en partant du principe que, majoritairement, de nombreux collègues vont demander leur académie d’origine en 1er vœu et, probablement, des académies limitrophes ensuite.
En outre, il convient de bien apprécier les situations géographiques des établissements, corrélées aux modes de transport à utiliser pour rejoindre l’éventuel « cocon familial », si les stagiaires ne souhaitent pas faire bouger toute la famille. Ainsi, pour être à proximité d’une académie d’origine, il est sans doute préférable de regarder les temps de transports en commun (train, par exemple) et de choisir une desserte importante pour des retours de week-end, plutôt que d’envisager des déplacements en voiture, par des routes parfois difficiles et soumises à la fatigue accumulée et aux conditions de circulation aléatoires… Avec ce prisme, on peut alors considérer que choisir une académie francilienne, à proximité d’une gare, de « pôles culturels forts », est un choix assez raisonnable lorsque l’on est sur un axe de TGV, plutôt que de préférer la distance à « vol d’oiseau » la plus courte… mais peut-être pas la moins fatigante… Ceci suppose aussi des accords et une adhésion familiale, bien évidemment !