Visio avec la Ministre : que faut-il en attendre ?

Publié le par François RESNAIS − Mis à jour le

Devenu le nouveau mode de contact avec les perdirs, la 1ère visio de notre nouvelle Ministre est programmée demain, à 14h30.
Espérons que vous n’aviez rien prévu car, une alerte le mardi soir pour le vendredi, il faut vraiment s’imaginer que les perdirs n’ont que peu d’occupation pour de si courts délais ! 

Outre la flagrante démonstration de la méconnaissance de notre quotidien, qu’espérer de ce moment de rencontre “pédagogique”, puisque dédié à la « préparation de la Rentrée » ?
➡️ S’il faut comprendre que la poursuite (ou la phase 2) du “Choc des savoirs” est à l’ordre du jour, peut-être serait-il urgent de cesser de “choquer” les élèves, les enseignants, les personnels de direction et l’Institution, non ? La possibilité d’un dialogue, de mesures au long cours, de décisions assises sur des évaluations, de sérénité, de pilotage à moyen et long termes, de prise en compte des difficultés de mise en place des actuelles mesures… tout cela est-il encore possible ? Ou la brusquerie est-elle nécessairement à la mode ?
➡️ Est-il encore possible de réellement discuter de pédagogie ? Alors que la situation économique n’est pas du tout favorable, que le budget de l’Éducation nationale est tout juste maintenu, que 4000 postes sont promis à disparaître, comment imaginer “faire œuvre” de pédagogie ? Comment faire mieux avec moins ?
Si l’efficience est un des maîtres mots du new public management, ce dernier ne devait pourtant plus être le guide de conduite des politiques administratives1. Quand l’efficience se teinte de débrouillardise, qu’elle se mue en bricolage et qu’elle devient espoir magique… Bref : quand il n’y a plus rien, reste-t-il encore quelque chose ?
➡️ On peut éventuellement parier sur une généralisation des groupes de besoins aux niveaux de 4ème et 3ème. Enfin, ça, c’est pour aujourd’hui ! Car il y a encore quelques jours, il n’en était guère question, avec la lucidité d’un État sans subside.
➡️ On imagine que “l’autonomie” de l’EPLE pourrait être réaffirmée : opportunément convoquée lorsqu’il ne faut plus compter que sur soi-même, cette autonomie pourrait bien mal dissimuler les poches vides d’un Ministère qui racle les fonds de tiroirs dès la fin du premier trimestre. Fin des HSE pour remplacement, disparition des projets Notre École Faisons-la Ensemble (NEFLE)… ce n’est plus de l’autonomie, c’est du parachutage en rase campagne !

1 : En finir avec le New Public Management, sous la direction de Nicolas Matyjasik et  Marcel Guenoun, 2019.